ARCHITECTURE DU DIVIN Broché – 1 janvier 1983
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Annick Charles-Saget
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Éditeur : Les Belles Lettres; 1er édition (1 janvier 1983)
Langue : Français
Broché : 345 pages
ISBN-10 : 2251326030
ISBN-13 : 978-2251326030
Poids de l'article : 558 g
Etat : Neuf avec un peu et très légrt de décoloration due à la lumière sur la couverture.
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PERSSEE
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Annick Charles-Saget, L'architecture du divin. Mathématiques et philosophie chez Plotin et Proclos :
Annick Charles-Saget, L'architecture du divin. Mathématiques et philosophie chez Plotin et Proclos
Annick Charles-Saget,
L'architecture du divin. Mathématiques et
philosophie chez Plotin et Proclos
Annick Charles-Saget, L'architecture du divin. Mathématiques et
philosophie chez Plotin et Proclos (Études anciennes).
Un vol. 24 x 16 de 346 pp. Paris, Les Belles Lettres, 1982. Prix: 140.
Le terme mystagogie suggère l'idée d'une sagesse non seulement
spéculative, mais transformante. Marinos, disciple et biographe de
Proclos, applique ce terme à la philosophie de Platon, supérieure à ses
yeux à l'enseignement d'Aristote, comme «initiation parfaite vis-à-vis de
Philosophie de l'Antiquité 139
ses préparations». Pour Proclos, aussi fidèle que possible à son maître
Platon, la philosophie tout entière trouve son mouvement et son ordre
dans la sagesse divinement inspirée. «Elle s'enracine dans les mythes et
les mystères, elle s'efforce de dégager leur sens et de promouvoir leur
orientation avec la rigueur qui lui est propre». Déconcertante conception
qui heurte notre rationalisme et notre primat de la technologie. Proclos
est curieux de mythes et de cultes orientaux, il vénère les traditions
orphiques et les Oracles chaldaïques, mais son exigence lui permet
d'assumer avec lucidité l'intellectualisme platonicien ainsi qu'en
témoigne la méthode dialectique du Parménide. J. Trouillard illustre ce thème
par une série d'études qui «confirment et approfondissent l'idée que
l'âme est chez Proclos le foyer de toute recherche». L'âme «détient dans
ses puissances tous les niveaux de l'univers et surtout le chiffre de
l'Ineffable». Sans doute ne doit-on jamais oublier dans l'enseignement
proclien la pure transcendance et même l'extériorité, mais cette théologie
spirituelle s'établit simultanément dans le registre de l'immanence. Les
distances sont en nous, et l'âme est à la fois enveloppée et enveloppante.
Pour voir les êtres, il lui suffit de se penser elle-même.
Onze études donc sur les aspects fondamentaux de la philosophie
proclienne, introduites par une étude intitulée Raison et mystique chez
Plotin, qui fait le point sur un problème majeur de la sensibilité
chrétienne. Plotin est à la fois intégralement mystique et intégralement
critique, la première démarche aidant la seconde, en ce sens que
pour lui, ni la contemplation, ni le pur intelligible ne sont le Bien
souverain, mais sont suspendus à une présence supérieure à l'ordre
noétique et génératrice de cet ordre. La consommation finale est à la fois
principe et fin pour l'âme fécondée par la divinité. Nous nous élevons
vers l'Un, devenant lui seul et ayant retranché tout le reste, et dans cet
état, nous sommes plus que libres et qu'indépendants. La purification est
la forme religieuse de la critique.
Annick Charles reprend le problème: qu'est-ce qu'une philosophie?
Proclos, successeur de Platon, est-il seulement un professeur de
philosophie platonicienne? Cependant, tout un ensemble de textes nous reste sous
son nom. Nous pouvons traverser une partie de cette œuvre en prenant
comme fil conducteur les interférences et connivences entre
mathématiques et philosophie, manifestes surtout dans deux œuvres très différentes,
Elementatio Theologica et In Primum Enclidis ... Une question
primordiale se pose: la méthode deductive ne s'oppose-t-elle pas à la dialectique,
et la méthode géométrique de Proclos n'est-elle pas un détournement ou
une méconnaissance des exigences de Platon à l'égard de la philosophie?
A. Charles tente «de dire quelques aspects des relations complexes entre
philosophie et mathématique dans la tradition platonicienne». Proclos
croit à l'ordre et au système, ce qui suscite un réseau complexe à la
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mesure de la résonance des mathématiques dans la pensée grecque. Or,
chez Plotin, le problème se pose ainsi: comment concilier la résurgence
du penser avec cette structuration de l'être par la catégorie de totalité,
puisque le penser interroge tout donné et que l'appartenance à un tout
exige la perfection? Ce problème semble disparu chez Proclos.
A. Charles divise son ouvrage en trois parties: Platon et au-delà, La
théorie plotinienne du nombre et L'entrecroisement des mathématiques et
de l'ontologie chez Proclos. En fait, l'auteur entreprend d'élucider la
structure logique de la théologie proclienne. La réflexion de Proclos pour
exprimer à la fois l'ampleur de l'enveloppement et la dispersion de la
présence, se développe selon deux thèmes complémentaires: celui de
l'enveloppement de la cause et celui de l'ordre des parties. Car, entre des
parties particulières, le principe de mise-ensemble peut céder au principe
de mise-en-ordre. Ici, la totalité plotinienne n'a pas de place, puisque le
tout peut être dit indivisible. Proclos considère le tout-sans-parties
comme cause de l'ensemble des parties rassemblées en tout résultant.
Deux réponses divergentes qui impliquent la diversité des rapports entre
parties et tout, et différence du cheminement de chaque être vers son
principe, enfin deux conceptions incompatibles de ce qu'est le penser.
Selon Plotin, l'être se déploie selon sa puissance propre, et le monde est
une ordonnance matérielle qui possède sa propre règle. Selon Proclos,
«toute âme possède toutes les formes que l'intellect possède primordialement». La puissance herméneutique des mathématiques provient de ce
que, en elles, l'âme s'exprimant en un niveau qui lui est approprié, peut
développer toutes ses puissances et produire en images la quasi totalité de
la richesse intelligible. Afin d'éclairer sa sémantique, Proclos réinterprète
les êtres mathématiques et produit un démembrement de la totalité
partielle. UElementatio Theologica est issu de ce démembrement.
L'entreprise, certes, est un défi. Proclos parle de présence, de puissance
productrice, de fécondité, de désir et aussi de don. Le philosophe parle et
passe entre les langages, en utilisant l'analogie comme parenté.
Je recommande de lire attentivement la conclusion que donne A.
Charles à son ouvrage. L'A. définit excellemment l'intensité plotinienne
qui dissocie langage et connaissance sur le fond d'une connivence
originaire entre l'âme et l'être, et le pari proclien qui justifie le discursif,
tout caractère d'une essence pouvant être déchiffré comme valeur
ordinale. Le philosophe œuvre dans les médiations. En ce sens, l'exigence
de la philosophie est la même que celle de la mathématique. Plotin
corrige les illusions de la distance, Proclos écarte aussi celles de la fusion.
Ainsi, «le philosophe est celui dont le désir engendre l'image la plus
distincte et la plus liée de toutes les communications».
André Reix
